La choriorétinopathie séreuse centrale
Maladie rétinienne fréquente mais dont la cause réelle reste encore mal connue, la choriorétinopathie séreuse centrale (ou CRSC) se déclare plus fréquemment chez les jeunes hommes. Les explications du Docteur Bénédicte Locht, chef de clinique du département de rétine médicale du CHU de Liège.
Qu’est-ce que la CRSC?
C’est une maladie qui affecte la choroïde et la rétine. Une rétine normale ne peut pas contenir de liquide. Dans la choriorétinopathie, il existe un passage anormal de liquide provenant de la choroïde (la couche de vaisseaux sanguins située sous la rétine, à l’arrière de l’œil) au travers de l’épithélium pigmentaire rétinien. À la faveur de cette zone de faiblesse localisée dans cette couche pigmentaire (une anomalie de la perméabilité de cette couche pouvant être comparée à un petit trou), le liquide passe sous la rétine où il provoque la formation d’une bulle. À cause de ce liquide, les photorécepteurs ne sont plus en contact avec la couche pigmentée de la rétine. Lorsqu’elle est localisée au centre de la rétine, au niveau de la macula, cette bulle provoque un inconfort visuel. Certains patients se plaindront de voir trouble, déformé ou de voir des taches. Tous disent « ne plus voir comme d’habitude », mais les symptômes diffèrent d’une personne à l’autre.
Y a-t-il des personnes à risque ?
Au stade de nos connaissances, il ne s’agit pas d’une maladie héréditaire et elle n’est pas plus fréquente chez les personnes aveugles et malvoyantes. On n’en connait pas encore très bien la cause. On sait, en revanche, que les hommes sont plus à risque. On compte 8 à 9 patients hommes pour une femme. La CRSC se déclare de façon aiguë chez les 20 – 40 ans et guérit, le plus souvent spontanément, en 4 mois maximum. On parle de forme chronique lorsque la bulle persiste au-delà de 6 mois, ce qui est plus fréquent chez les patients âgés. On constate aussi que les tempéraments anxieux et stressés sont plus enclins à développer cette pathologie. En effet, lorsque nous stressons, les glandes surrénales produisent du cortisol, l’hormone du stress. Lorsque cette autoproduction devient trop importante, en cas de stress intense ou chronique, cela déclenche des crises de CRSC. Un apport extérieur de corticoïdes, via des crèmes ou des médicaments à base de cortisone, est également susceptible de déclencher la maladie. Précisons que toute personne stressée ou hypertendue ne va pas forcément développer une CRSC. Il y a aussi une prédisposition anatomique (couche choroïdienne épaisse, larges veines choroïdiennes, hyperperméabilité des veines choroïdiennes) à développer la maladie. Voilà quelques pistes, mais l’origine exacte de la maladie, nous ne la connaissons toujours pas.
Peut-on soigner la CRSC ?
Chez les jeunes, 8 fois sur 10, on constate une guérison spontanée. Avec l’âge, malheureusement, cette bulle peut s’installer ou récidiver. Si elle reste trop longtemps, cela peut provoquer une atrophie de la rétine, qui peut conduire à une baisse incurable de la vision. Après 50 ans, on peut confondre la CRSC chronique avec la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA). Il faut alors poser un diagnostic différentiel pour choisir le bon traitement.
Y a-t-il un traitement ?
La photothérapie dynamique est le seul traitement efficace à ce jour. Il s’agit d’un traitement laser, combiné avec l’injection par voie intraveineuse de vertéporfine. Une fois injectée et arrivée dans l’œil, la vertéporfine est activée par la lumière laser durant 83 secondes, au niveau des vaisseaux choroïdiens anormaux. La photothérapie va réduire l’épaisseur de la choroïde et donc résoudre le risque de récidive. Le souci est que ce médicament est produit et distribué au comptegouttes, à cause d’une rupture de stock. Si on ne peut pas attendre et s’il est loin de la macula, on peut traiter ce point de fuite avec un laser Argon. Malheureusement, cela ne résout pas le problème de base qui est l’épaisseur de la choroïde. Dans ce cas, il y aura plus souvent récidive.
Fragile rétine
La rétine est un tissu neurologique très vascularisé et sensible à l’environnement. Différentes maladies peuvent s’y développer en fonction de l’âge et de pathologies comme le diabète ou l’hypertension. Comment la préserver ? « D’abord, la protéger du soleil et des rayons UV, en portant de bonnes lunettes solaires. Apprendre à gérer son stress et traiter l’hypertension. L’autre menace, c’est le tabac. Tous les ennemis des vaisseaux et des artères sont aussi des ennemis de la rétine. Avec le rein, la rétine est l’un des tissus les plus vascularisés du corps. Fumer est un fléau pour l’œil également. C’est un facteur de risque majeur sur lequel les patients peuvent agir, notamment pour la prévention de la DMLA ». Autre conseil : « Privilégiez une alimentation riche en vitamines, minéraux, antioxydants et en oméga 3 qui protège le système cardio-vasculaire, mais aussi l’œil ». Les vitamines A, C ou E et les caroténoïdes (la lutéine et la zéaxanthine) sont primordiaux pour la protection de la rétine et de la macula. On les retrouve dans les fruits et légumes jaune-orangé comme les carottes, tomates, poivrons ou à feuilles vertes comme les épinards et le brocoli. »