Vie quotidienne

La confiance en soi, la clé de l'amour

Publié le 20 juin 2024

36 % des personnes aveugles et malvoyantes vivent seules. C’est la même proportion que pour la population belge. Comment trouver l’amour quand on est non ou malvoyant ? Nous avons posé la question à Pascal Coquiart, sexologue, psychologue et intervenant au salon EnVIE d’amour.

Quelles sont les difficultés ?

Les personnes en situation de handicap ont tendance à se juger et surtout se méjuger. Elles peuvent se trouver moins attirantes et penser qu’elles n’intéressent pas les personnes qui ne sont pas en situation de handicap. Il faut aussi faire face aux préjugés des autres, ceux qui pensent que le handicap induit une grande dépendance, ceux qui associent le handicap physique au handicap mental ou à l’inverse qui leur prêtent des « super pouvoirs ». Enfin, la communication non verbale peut échapper aux personnes en situation de handicap visuel.

Comment séduire ?

La première dimension, commune à tous, c’est la confiance en soi. L’image de soi dépend de cette confiance en soi et de sa capacité à être autonome. La Ligue Braille a un grand rôle à jouer parce que les activités permettent de rencontrer d’autres personnes, de partager des astuces et encouragements à l’autonomie et surtout de travailler les compétences émotionnelles comme l’empathie. Apprendre à communiquer sur son handicap pour éviter les malentendus. Et puis l’humour, ça aide toujours !

Comment muscler la confiance en soi ?

La confiance en soi s’apprend enfant, avec des parents qui développent un lien d’attachement sécurisant, vous encouragent et vous soutiennent. Aux parents, je dis : faites confiance aux capacités de votre enfant. Si vous le surcouvez, vous lui envoyez le message qu’il n’est pas capable d’être autonome. Laissez-lui la possibilité de prendre des risques, c’est très important pour la construction de sa personnalité. Si le handicap survient plus tard, fréquenter les groupes de pairs, avoir des activités avec des personnes qui vivent la même chose est une bonne façon d’apprendre à travailler ses compétences sociales et donc son pouvoir de séduction.

Quel impact sur la vie sexuelle ?

Je constate que mes patients communiquent souvent mal sur leurs besoins et leurs envies. Or, la communication est encore plus importante, pour percevoir les  signes d’intérêt, d’excitation ou  de (non) consentement. Comme impact positif, citons l’exploration sensuelle plus large (toucher, goût, ouïe et odorat),  le fait de moins se focaliser sur l’apparence physique. Privilégier l’émotionnel ou le relationnel, ça renforce l’intimité et ça évite les complexes.

Déborah a 34 ans et est malvoyante de naissance. Elle n’a jamais eu de mal à se faire des amis, mais pour trouver l’amour, elle a utilisé un site de rencontre. « On ne voit pas forcément les signaux que les autres nous envoient quand on leur plaît. On ne peut pas se fier au contact visuel ».  Déborah n’a pas mentionné son handicap sur son profil. « Je laissais la discussion s’installer avant de l’annoncer, toujours avant la rencontre. Parfois ça les faisait changer d’avis, mais c’est la vie. Quand je me suis inscrite sur ces sites de rencontre, je pensais que ce serait plus compliqué pour moi que pour les autres. Au final, ça n’a pas été le cas ». Il y a 5 ans, Déborah a rencontré son compagnon via une application. « Il est hémiplégique, ce qui n’était pas un obstacle pour moi. Je sortais d’une relation compliquée et il a été très patient. Très vite, il a exprimé le désir de vivre avec moi. Il a quitté son travail à Bruxelles, nous avons acheté notre maison. Depuis un an, nous sommes parents d’une petite fille ».
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