La confiance en soi, la clé de l'amour
36 % des personnes aveugles et malvoyantes vivent seules. C’est la même proportion que pour la population belge. Comment trouver l’amour quand on est non ou malvoyant ? Nous avons posé la question à Pascal Coquiart, sexologue, psychologue et intervenant au salon EnVIE d’amour.
Quelles sont les difficultés ?
Les personnes en situation de handicap ont tendance à se juger et surtout se méjuger. Elles peuvent se trouver moins attirantes et penser qu’elles n’intéressent pas les personnes qui ne sont pas en situation de handicap. Il faut aussi faire face aux préjugés des autres, ceux qui pensent que le handicap induit une grande dépendance, ceux qui associent le handicap physique au handicap mental ou à l’inverse qui leur prêtent des « super pouvoirs ». Enfin, la communication non verbale peut échapper aux personnes en situation de handicap visuel.
Comment séduire ?
La première dimension, commune à tous, c’est la confiance en soi. L’image de soi dépend de cette confiance en soi et de sa capacité à être autonome. La Ligue Braille a un grand rôle à jouer parce que les activités permettent de rencontrer d’autres personnes, de partager des astuces et encouragements à l’autonomie et surtout de travailler les compétences émotionnelles comme l’empathie. Apprendre à communiquer sur son handicap pour éviter les malentendus. Et puis l’humour, ça aide toujours !
Comment muscler la confiance en soi ?
La confiance en soi s’apprend enfant, avec des parents qui développent un lien d’attachement sécurisant, vous encouragent et vous soutiennent. Aux parents, je dis : faites confiance aux capacités de votre enfant. Si vous le surcouvez, vous lui envoyez le message qu’il n’est pas capable d’être autonome. Laissez-lui la possibilité de prendre des risques, c’est très important pour la construction de sa personnalité. Si le handicap survient plus tard, fréquenter les groupes de pairs, avoir des activités avec des personnes qui vivent la même chose est une bonne façon d’apprendre à travailler ses compétences sociales et donc son pouvoir de séduction.
Quel impact sur la vie sexuelle ?
Je constate que mes patients communiquent souvent mal sur leurs besoins et leurs envies. Or, la communication est encore plus importante, pour percevoir les signes d’intérêt, d’excitation ou de (non) consentement. Comme impact positif, citons l’exploration sensuelle plus large (toucher, goût, ouïe et odorat), le fait de moins se focaliser sur l’apparence physique. Privilégier l’émotionnel ou le relationnel, ça renforce l’intimité et ça évite les complexes.