Accesibilité

Nos ambassadeurs 2025

Publié le 10 mars 2025

Outre Larissa, l’héroïne de notre spot TV, deux autres bénéficiaires témoignent pour cette Semaine de la Ligue Braille. Faisons leur connaissance !

Charlotte a 26 ans, elle est aveugle de naissance et a récemment obtenu son diplôme en réinsertion et réhabilitation sociales. Elle est actuellement à la recherche d’un emploi. Après ses études, elle est restée à Louvain, où elle vit maintenant en colocation avec deux autres personnes. Charlotte aime la musique, elle joue du piano et chante dans la chorale de l’université de Louvain. L’année dernière, elle a représenté la Belgique au concours musical « World Song Contest for the Blind ». Elle joue également au showdown, une sorte de tennis de table développé pour les personnes aveugles et malvoyantes.

Stéphane, 48 ans est également aveugle de naissance et travaille comme support administratif dans le secteur du logement social à Bruxelles. Il pratique le torball (sport qui consiste à marquer des buts en lançant la balle à la main). Il aime également le football et participe à des tournois du jeu « Des chiffres et des lettres », en Belgique et en France. 

Stéphane

Utilisez-vous les canaux d’information et de communication ?

C : Sur l’ordinateur, j’utilise une barrette braille et l’audio et plutôt l’audio sur le smartphone. J’utilise ces deux aides en alternance. Je trouve qu’il est très important de conserver le braille pour ne pas perdre l’image des mots. Je sais que le braille perd de sa popularité, mais j’en suis une fervente défenseuse. Par exemple, je lis toujours les partitions de ma chorale en braille. Au sein d’ICC Belgium (Inclusion Creates Chances), nous avons créé une chorale. Nous répétons tous les quinze jours le mardi soir à Louvain et prévoyons bientôt des répétitions à Bruxelles. Les candidatures sont ouvertes, si vous désirez nous rejoindre.

S : Pour les tournois, je participe avec mon bloc-notes portable et ma barrette braille et j’utilise un petit écran pour montrer mes réponses aux autres joueurs et à l’animateur. Au travail, j’utilise également ma barrette. Enfin, quand je vais suivre un match d’Anderlecht, j’utilise l’audiodescription qui est disponible au stade et me plonge totalement dans la rencontre, j’en profite pleinement et je n’ai aucune frustration.

Comment jugez-vous l’accessibilité numérique ?

C : Les nouvelles technologies offrent de nombreux avantages aux personnes aveugles et malvoyantes. J’ai la chance d’être jeune et d’avoir grandi avec le smartphone. Grâce à des applications accessibles comme BeMyEyes, vous n’êtes qu’à un clic d’un vaste réseau d’aide que vous pouvez appeler pour lire une date de péremption, par exemple. Bien sûr, la technologie a aussi ses inconvénients. Les écrans tactiles sont un cauchemar si vous ne pouvez pas voir. Essayez de saisir votre code de carte bancaire à l’aveugle sur un terminal de paiement à écran tactile… vous vous résoudrez vite à confier votre code à un inconnu ou opter pour un autre moyen de paiement. J’utilise souvent Apple Pay maintenant, mais tout le monde n’a pas la chance d’y avoir accès, ce qui est dommage. Il y a aussi beaucoup d’applis et de sites web qui ne sont pas accessibles. Ou bien ils le sont mais vous dirigent vers un kaptcha, où ils faut prouver que vous n’êtes pas un robot en pointant des images. Et l’alternative audio n’est pas toujours disponible.

S : L’informatique est une formidable évolution pour tous. Aussi pour les personnes aveugles et malvoyantes qui peuvent utiliser la plupart de ces outils. Malheureusement, tout n’est pas accessible. On se retrouve encore très souvent face à des sites ou des applications complètement inadaptés. C’est particulièrement frustrant quand il s’agit des services publics et plus encore quand tout fonctionne, tout est accessible, jusqu’à la dernière page, le moment fatidique d’envoyer ou valider et là, on ne sait pas pourquoi, on est bloqué. C’est terrible parce que dans ce cas, je ne sais pas si c’est moi qui m’y prends mal ou si c’est le site qui a été mal construit. Les méthodes de communication aussi sont chouettes, mais je constate des reculs. Par exemple, je vais facilement sur Facebook avec le smartphone mais plus du tout sur mon ordinateur. C’est un recul terrible ! Pourquoi les choses ont-elles fonctionné et puis plus ? C’est dommage.

Charlotte

Que représente ce rôle d’ambassadeur ?

C : C’est une excellente occasion de sensibiliser les gens ! Ils ne se rendent souvent pas compte que quelque chose n’est pas accessible, parce qu’ils ne sont jamais en contact avec des personnes malvoyantes. Lorsque vous marchez dans la rue, les passants sont tout à fait disposés à vous aider, ce qui est très agréable. Mais parfois, l’aide est intrusive, on vous attrape le bras pour vous emmener à la gare, par exemple, alors que vous aviez juste un rendez-vous devant cette gare. Cela part toujours de bonnes intentions, et c’est dû à l’ignorance, mais cette « aide » ne vous est d’aucune utilité en tant que personne aveugle, bien au contraire. Je saisis volontiers toutes les occasions de me faire entendre. Par exemple, j’anime un podcast avec des amis, Tech-Touch, dans lequel nous discutons de différentes aides. Nous espérons ainsi aider d’autres personnes malvoyantes à découvrir de nouvelles choses, mais aussi faire découvrir « notre monde » aux voyants.

S : C’est une belle opportunité de faire passer un message : les personnes aveugles ou malvoyantes apprennent à utiliser un smartphone ou un ordinateur. Nous faisons cet effort pour pouvoir travailler, rester en contact avec les autres, etc. Mais ça ne suffit pas toujours, parce que les sites ou applications sont mal conçus. Si on peut convaincre les concepteurs de rendre les choses accessibles, ce serait super ! Pareil pour les services après-vente ou les supports clients qui ne sont généralement pas formés pour nous aiguiller correctement. 

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